Chemisier calamiteux
Publié le 16 Décembre 2018
où il apparaît la chronique d'un désastre annoncé...
J'ai été infidèle à Victor et je n'ai eu que ce que je méritais !
Prenons les choses par ordre chronologique :
Je ne porte quasiment jamais de chemise ou de chemisier. Par gout, certainement. J'ai pourtant été séduite par ce joli chemisier :
Ce chemisier simple et élégant figure sur ce numéro de Couture actuelle.
Le trench à manches froncées me plait aussi énormément, de même que le perfecto.
J'achète donc cette revue que je ne connais pas.
J'aurais mieux fait de m'abstenir...
Le choix de la taille n'était déjà pas très engageant : chez Victor, la taille 38 me convient parfaitement, ici, il me faut du 42, voire du 44. A tout le moins, c'est vexant, mais bon, allons pour un 42.
Au décalquage du patron, je commence à tiquer : les patrons ne sont tracés qu'en trois tailles (38, 42 et 46 pour celui-ci), les tailles intermédiaires sont à tracer soi-même "à égale distance de la taille inférieure et de la taille supérieure" précisent les explications. C'est bien la première fois (et je réalise des vêtements à partir de patrons depuis plus d'un demi-siècle) que je rencontre un patron dont les différentes tailles sont inscrites les unes dans les autres, tous les bords sont parallèles. En fait, cela tient plus de la publicité pour la Vache qui rit que de la gradation.
Autre alerte que j'ai négligée : le plan de coupe est faux.
Encore une bizarrerie : le patron du dos est à poser sur le pli du tissu, il n'est donc composé que d'un demi-dos, ce qui est habituel. Pourquoi le patron du devant, bien que strictement symétrique, est-il alors figuré dans sa totalité ? Un si grand morceau de papier est peu pratique à manier.
Là encore, j'aurais dû fuir...
Passons aux explications qui accompagnent le patron : je vous fais la version courte, je me suis crue revenue au "bon" vieux temps où je n'avais que les Burda à me mettre sous le pied de biche : explications lacunaires, (aucune finition n'est indiquée, pas de repères pour identifier le dos et le devant des manches), ou incompréhensibles. Quant aux marges de couture et d'ourlet, il est juste indiqué qu'il faut les ajouter. Merci Madame Couture actuelle, vous êtes bien bonne.
Mais qu'allais-je donc faire dans cette galère ????????
J'ai poursuivi, je suis bien capable de monter un chemisier sans explications, non ?
Oui, certes, mais une petite voix me fait in petto remarquer que j'ai payé pour un patron et ses explications, et que j'ai donc droit à des explications utilisables. Au diable l'avarice, je coupe mon chemisier, en remontant tout de même le bas de l'encolure de quelques centimètres, par souci de décence.
Je réalise donc ce chemisier toute seule, comme une grande, en ajoutant toutes les finitions qu'il nécessite.
Et....
Voici le désastre annoncé, un truc qui tombe mal, qui est beaucoup trop vaste, mais qui réalise cependant le prodige d'être en même temps étriqué : je suis gênée aux entournures, dès que j'esquisse un geste un peu ample, du genre lever les bras, ça tire.
Le décolleté, bien que remonté comme je l'ai déjà dit, rend le vêtement importable, j'ai donc remédié à cette atteinte à la décence en cousant de petites étoiles à travers toutes les épaisseurs. Cache-misère....
Donc, un truc importable.
Petite consolation, comme je me doutais quelque part que je me promenais au bord de la Bérézina, je n'ai pas taillé ce prétendu chemisier dans le superbe tissu que je destinais à cet usage, mais dans un coupon plus modeste. Pas de grosse perte donc, juste un petit naufrage.
Deuxième consolation, le nouveau numéro de la Maison Victor offre un superbe chemisier, bientôt sur cet écran, à bientôt donc.